Voilà une petite histoire que j'ai écris moi même alors que je passais mes épreuves de bac et que je m'ennuyais ferme entre chaque épreuve. Bien que ce ne soit qu'une petite histoire qui sent fort l'adolescence, j'avais envie de la partager.

Tombés amoureux

Caroline s’ennuyait ferme. Assise sur le muret bordant le terrain de sport, les jambes pendant dans le vide, elle laissait aller ses pensées.
Cela faisait deux jours qu’elle traînait dans ce lycée et dans ce quartier qu’elle ne connaissait pas. Tout ce qu’elle en savait se résumait à bien peu de choses. Elle connaissait la route qui menait au centre commercial le plus proche, et savait que sur la route se trouvaient deux boulangeries. Il y avait aussi, non loin du lycée, une station de tramway, qu’elle avait utilisé la veille pour aller en ville avec sa classe. Elle avait d’ailleurs été étonnée de constater que tout c’était bien passé et qu’elle avait bien rit avec eux. Habituellement, elle ne les supportait pas, avec leurs blagues de gamins et les mauvais coups qu’ils se faisaient entre eux. À vrai dire, depuis qu’ils étaient tous là tout se passait bien, à condition que Valentin et Simon soient absents.
Un avion passa au dessus du lycée, emplissant l’air d’ondes sonores, pour aller atterrir non loin de là, à l’aéroport.
Son attention fixée sur l’avion, Caroline n’entendit pas Fabien s’approcher d’elle. Elle ne se rendit compte de sa présence que lorsqu’elle vit une main s’emparer de sa bouteille d’eau.
- Elle s’appelle “revient”, dit-elle sur la défensive.
Il faisait très chaud en ce début d’été et tous tenaient à leurs bouteilles d’eau. Fabien but quelques gorgées et dit en rigolant, avec un faux air d’hésitation:
- Je ne sais pas si je vais te la rendre.
Caroline tandis la main pour récupérer son bien, mais Fabien éloigna la bouteille, la mettant hors de portée. Elle se leva mais il l’écarta encore.
- Aller, s’te plait, j’ai soif!
- Alors viens la chercher!
Il monta sur le mur, tendant la main tenant la bouteille au dessus du vide. Caroline le suivit sur le mur et tenta d’attraper sa bouteille, mais Fabien était plus grand qu’elle et elle ne parvenait pas à l’atteindre.
- Rends la moi…
- Et tu me donne quoi en échange?
- Arrête tes conneries!
Elle tenta à nouveau d’attraper sa bouteille et perdit l’équilibre. Fabien voulut la retenir mais il tomba avec elle dans l’herbe qui bordait le terrain d’athlétisme, un mètre plus bas. Malheureusement pour Caroline, Fabien tomba sur elle, et il pesait son poids. Il n’était pas bien gros mais plein de muscle. Le visage dans l’herbe, Fabien tentait de reprendre ses esprits, vaguement conscient qu’elle était sous lui. Il leva la tête et se passa la main sur le visage pour chasser un brin d’herbe. Il croisa alors la regard de Caroline.
- Pousse-toi!
- Tout ça pour une bouteille d’eau, rigola-t-il en la ramassant.
- Pousse-toi s’te plait, j’étouffe!
Fabien s’appuya sur son coude pour soulager la poids qui pesait sur elle, mais ne se releva pas pour autant. Caroline put reprendre son souffle, mais lorsqu’elle voulut se lever, Fabien ne se leva pas. Elle tenta de le pousser mais il ne bougea pas plus.
- Tu ne voudrais pas te lever?
- Je t’avais demandé ce que tu me donnais en échange de ta bouteille, tu ne m’as pas répondu.
- Mais qu’est-ce que tu veux à la fin? Ma mort?
Il éclata de rire.
- Non, dit-il dans un sourire, pas tant que ça, seulement ta vie.
Caroline le regarda sans comprendre, se disant qu’il y avait probablement une mauvaise blague la dessous.
- Qu’est-ce que tu raconte encore?
Fabien cessa de sourire mais ses yeux riaient toujours. Soudain la vue de Caroline se perdit dans un flou et elle ne compris pourquoi que lorsqu’elle sentit ses lèvres sur les siennes. Ce ne fut pas “un long baiser langoureux” mais il suffit à Caroline pour comprendre la volonté de Fabien. Celui-ci sourit à nouveau lorsqu’il releva la tête et qu’il vit qu’elle ne protestait pas. Il lui déposa alors un rapide baiser sur les lèvres et se leva enfin, puis aida Caroline à faire de même. Il fallut ensuite remonter sur le mur. Caroline avait mal partout. Fabien la prit par la taille et la posa sans peine sur le mur, puis il se hissa à son tour. Ils se levèrent et se prirent par la main.
- J’avoue que je ne voyais pas les choses comme ça, rigola-t-il.

“Et ensuite ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”, non, vous dire ça serrait un mensonge. D’abords parce que, suite à leur chute, Caroline eut mal partout durant plusieurs jours, ce qui n’empêcha pas Fabien de la prendre dans ses bras. Mais c’est vrai qu’ils furent bien ensemble. Après tout, le plus douloureux était passé. Et ensuite, cela serrait également faux car, en fait de beaucoup d’enfants, ils n’en eurent qu’un. Une fille, qu’ils prénommèrent Gabrielle.
S’ils ont parfois douté, ou regretté certains actes, jamais ils n’ont douté de leurs sentiments et regretté le jour où ils sont tombés amoureux.